16 façons de lutter contre la culture du viol
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« Les garçons seront toujours des garçons. »
« Elle était soûle. »
« Les femmes disent “non”, quand en fait elles veulent dire “oui”. »
La culture du viol est omniprésente. Elle est ancrée dans notre façon de penser, de parler et de nous mouvoir dans le monde. Au-delà des différences propres à chaque contexte, la culture du viol est toujours enracinée dans les croyances patriarcales, le pouvoir et le contrôle.
La culture du viol est l’environnement social qui permet de normaliser et de justifier la violence sexuelle, alimentée par les inégalités persistantes entre les sexes et les attitudes à leur égard. La nommer est le premier pas à franchir pour la démanteler.
Nous pouvons chaque jour analyser nos comportements et nos croyances afin de déceler les préjugés qui permettent à la culture du viol de perdurer. Qu’il s’agisse des attitudes que nous avons à l’égard des identités de genre ou des politiques que nous soutenons dans nos collectivités, nous pouvons tous agir pour lutter contre la culture du viol.
Voici 16 moyens de le faire :
1. Créer une culture du consentement enthousiaste.
Il est indispensable que le consentement soit donné librement, quelles que soient les circonstances. Plutôt que d’attendre un « non », assurez-vous qu’un « oui » est expressément prononcé par toutes les personnes concernées. Optez pour le consentement enthousiaste dans votre vie et parlez-en.
2. Exprimez-vous contre les racines du mal.
La culture du viol peut aisément perdurer lorsque nous adhérons à des idées sur la masculinité qui véhiculent la violence et la domination en en faisant des expressions de « force », des comportements « mâles », et lorsque les femmes et les filles sont sous-valorisées.
Elle est également relayée par le fait de jeter le blâme sur la victime — une attitude qui consiste à penser que c’est la victime plutôt que l’agresseur qui porte la responsabilité de l’agression.
Lorsque l’on discute de cas de violence sexuelle, la sobriété, les vêtements et la sexualité d’une victime n’ont pas à entrer en ligne de compte. Au contraire, réfutez l’idée selon laquelle les hommes et les garçons doivent exercer leur pouvoir par la violence et remettez en question le concept d’acte sexuel en tant que droit.
3. Redéfinir la masculinité.
Portez un regard critique sur ce que la masculinité signifie pour vous et comment vous l’incarnez. L’autoréflexion, les conversations collectives et l’expression artistique ne sont que quelques-uns des outils à la disposition des hommes et des garçons (comme des femmes et des filles d’ailleurs) devant leur permettre d’examiner et de redéfinir les masculinités selon des principes féministes.
4. Empêcher que le blâme retombe sur les victimes.
La langue est l’expression profonde de la culture, c’est pourquoi nous oublions parfois que les mots et les phrases que nous utilisons chaque jour façonnent notre réalité.
Les croyances qui cautionnent le viol sont incrustées dans notre langage : « Elle était habillée comme une salope. Elle l’a bien cherché. »
Elles foisonnent dans les paroles de chansons populaires : « Je sais que tu le veux » (en anglais I know you want it).
Elles sont banalisées en objectivant les femmes et en les traitant de toutes sortes de noms dans la culture pop et les médias.
Mais vous pouvez choisir d’abandonner les expressions et les paroles qui poussent à blâmer les victimes, à objectiver les femmes et à excuser le harcèlement sexuel. Les vêtements qu’une femme porte, ses consommations ou la quantité d’alcool qu’elle a pu boire, l’endroit où elle se trouvait, ne sont pas des invitations à la violer.
5. Avoir une tolérance zéro.
Établissez des politiques de tolérance zéro à l’égard du harcèlement et de la violence sexuels dans les lieux où vous vivez, travaillez et vous amusez. Les dirigeants doivent être particulièrement clairs sur le fait qu’ils se sont engagés à maintenir une politique de tolérance zéro et qu’elle doit être pratiquée tous les jours.
Pour repartir du bon pied, pensez à ce que vous pouvez faire pour que le harcèlement au travail devienne de l’histoire ancienne.
6. Chercher à mieux comprendre la culture du viol.
En fonction des périodes et des contextes, la culture du viol incarne de nombreuses formes. Il est important de réaliser que la culture du viol va au-delà de l’image étroite de l’homme qui agresse une femme marchant seule dans la nuit.
En effet, la culture du viol englobe un large éventail de pratiques néfastes qui conduisent à priver les femmes et les filles de leur autonomie et de leurs droits ; c’est le cas par exemple du mariage des enfants et des mutilations génitales féminines.
Apprenez à connaître les facteurs qui sous-tendent la culture du viol et les mythes qui l’entourent.
Même si personne ne conteste le fait que le viol soit un acte répréhensible, la violence sexuelle et le harcèlement sexuel sont des pratiques normalisées et banalisées par les mots, les actes et l’inaction, ce qui nous pousse sur la pente glissante de la culture du viol.
7. Adopter une approche intersectionnelle.
La culture du viol nous affecte tous, indépendamment de notre identité sexuelle, de notre sexualité, de notre statut économique, de notre race, de notre religion ou de notre âge. L’éradiquer signifie laisser derrière nous les définitions restrictives du genre et de la sexualité qui limitent le droit de la personne de se définir individuellement et de s’exprimer.
Certaines caractéristiques comme l’orientation sexuelle, le handicap ou l’origine ethnique, ainsi que certains facteurs contextuels, augmentent la vulnérabilité des femmes face à la violence. Les personnes LGBTQI peuvent faire l’objet d’un « viol correctif » par lequel l’auteur veut forcer la victime à se conformer à certains stéréotypes sexuels et sexistes. Pendant les crises humanitaires, la discrimination à l’égard des femmes et des filles est souvent un détonateur de la violence sexuelle.
Gulzada Serzhan est un membre actif de Feminita, une initiative féministe du Kazakhstan qui protège et défend les droits des membres de la communauté LGBTQI. Lorsqu’elle occupait le poste de chef de projet informatique, un collègue de travail homme a commencé à la harceler sexuellement au cours de déplacements professionnels. Quand elle lui a dit qu’elle était lesbienne, ce harcèlement n’a fait qu’empirer.
« Il croyait pouvoir me corriger », affirme Gulzada Serzhan. « Il a dit que j’avais besoin d’un homme fort... Au Kazakhstan, la société accepte et admire les hommes qui sont sauvages et brutaux. Il est naturel que les hommes fassent des avances sexuelles aux femmes. »
« Si vous êtes invisible dans la vie de tous les jours, vos besoins ne sont pas pris en compte, et le sont encore moins dans une situation de crise », explique Matcha Phorn-in qui travaille pour répondre aux besoins uniques des personnes LGBTQI en situation de crise.
8. Connaître l’histoire de la culture du viol.
Tout au long de l’histoire, le viol a représenté une arme de guerre et d’oppression. Il est utilisé pour dégrader les femmes et leurs communautés, que ce soit à des fins de nettoyage ethnique ou de génocide.
Des lectures rapides ne suffisent pas sur le sujet. Vous pouvez néanmoins commencer par vous familiariser sur le recours à la violence sexuelle pendant les conflits, passés ou récents, en étudiant par exemple ce qui se passe en République démocratique du Congo, ou les horreurs causées par la guerre civile du Guatemala, ou le conflit au Kosovo.
9. Investir en faveur des femmes.
Faites un don à des organismes qui défendent l’autonomisation des femmes, relaient leur voix, soutiennent les survivantes et encouragent l’acceptation de toutes les identités de genre et sexualités.
ONU Femmes travaille ardemment pour mettre fin à la violence faite aux femmes, aider les survivantes et garantir l’égalité des droits des femmes et des filles partout dans le monde. Faites un don dès maintenant à https://donate.unwomen.org/en/16days.
10. Écouter les survivantes.
À l’époque de #MeToo, #TimesUp, #NiUnaMenos, #BalanceTonPorc, et d’autres mouvements en ligne, les survivantes de la violence s’expriment haut et fort, comme jamais elles ne l’ont fait auparavant.
Écoutez leurs expériences, lisez les récits de survivantes et d’activistes du monde entier et suivez #OrangezLeMonde et #GénérationÉgalité sur les médias sociaux.
Ne dites pas : « Pourquoi n’est-elle pas partie ? »
Dites plutôt : « Nous vous entendons. Nous vous voyons. Nous vous croyons. »
11. Ne pas se moquer du viol.
Le viol ne sert jamais de remarque amusante. Les blagues sur le viol légitiment la violence sexuelle, ce qui place les victimes dans une situation difficile pour s’exprimer lorsque leur consentement a été violé.
L’humour qui normalise et justifie la violence sexuelle n’est pas acceptable. Ne vous y prêtez pas.
12. S’impliquer.
La culture du viol est en outre confortée par l’absence ou la non-application des lois destinées à lutter contre la violence faite aux femmes, et les autres lois discriminatoires relatives à la propriété, au mariage, au divorce et à la garde des enfants.
Consultez la base de données mondiale sur la violence à l’égard des femmes pour voir ce que votre pays fait en faveur de la protection des femmes et des filles. Engagez le dialogue avec vos représentants pour assurer la mise en œuvre des lois qui favorisent l’égalité des sexes.
13. Mettre fin à l’impunité.
Pour mettre fin à la culture du viol, les auteurs doivent payer pour leurs actes. En poursuivant les cas de violence sexuelle, nous reconnaissons ces actes comme des crimes et envoyons un message fort, de tolérance zéro.
Partout où vous voyez que les sanctions juridiques contre les auteurs d’actes criminels sont insuffisantes, luttez pour plus de justice et de responsabilité.
14. Être un spectateur actif.
Une femme sur trois est victime de violence dans le monde. La violence à l’égard des femmes est d’une fréquence choquante, et nous pouvons tous être témoins de comportements non consentis ou violents. Le fait d’intervenir en tant que spectateur actif permet d’envoyer un signal à l’agresseur pour lui dire que son comportement est inacceptable, et peut aider une personne à rester hors de danger.
Tout d’abord, évaluez la situation pour déterminer quel type d’aide, le cas échéant, peut être approprié. Vous pouvez venir en aide à la personne victime de harcèlement sexuel en lui demandant comment elle va ou si elle a besoin d’être secourue, ou en documentant l’incident, en créant des distractions pour désamorcer la situation ou en faisant une déclaration brève et claire, directement à l’auteur du harcèlement, par exemple : « Je n’approuve pas ce que vous faites ».
Renseignez-vous sur la façon dont vous pouvez être un spectateur actif et suivez une formation spécialisée sur la façon dont vous pouvez intervenir, organisée éventuellement par une université, votre municipalité ou une ONG locale.
15. Éduquer la prochaine génération.
C’est à nous qu’il revient d’inspirer les futures féministes du monde. Remettez en question les stéréotypes sexistes et les idéaux violents auxquels sont si fréquemment exposés les enfants dans les médias, dans la rue et à l’école. Faites savoir à vos enfants que votre famille est un lieu sûr où ils peuvent s’exprimer tels qu’ils sont. Confirmez leurs choix et enseignez-leur l’importance du consentement même à un jeune âge.
Si vous êtes à la recherche d'un contenu qui vous inspire, voici les 12 livres féministes que tout le monde devrait lire.
16. Démarrer une conversation ou se joindre à celles qui existent.
Parlez à votre famille et à vos amis de la façon dont vous pouvez travailler ensemble pour mettre fin à la culture du viol dans vos communautés.
Que ce soit par le biais d’un club de conversation afin de tout dévoiler sur ce qu’est la masculinité, qu’il s’agisse de recueillir des fonds pour une organisation de défense des droits des femmes, ou d’unir les forces pour protester contre les décisions et les politiques qui cautionnent le viol, il nous faudra tous être unis contre la culture du viol.
Vous pouvez participer dès maintenant à la conversation en ligne en suivant #OrangezLeMonde et #GénérationÉgalité.